
Quartier du Rempart

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Notre restaurant est situé dans le quartier historique de Bouillon appelé « Quartier du Rempart ». Ce quartier s'étend entre la Semois et le château, et révèle une riche part de l’histoire de la ville. Il a une forme rectangulaire, avec deux rues parallèles principales : le Quai du Rempart et la Rue du Moulin. Deux petites ruelles — la Rue du Glacis et la Rue de l’Imprimerie — relient ces deux axes.
Quai du Rempart & Rue du Glacis
Les noms Quai du Rempart (la rue principale longeant la Semois) et Rue du Glacis (la ruelle attenante à notre bistrot) renvoient à l'époque où Bouillon était une ville fortifiée.
C’est Vauban, célèbre architecte militaire de Louis XIV, qui fit construire ici, vers 1690, une puissante muraille défensive pour protéger Bouillon. Ce mur, haut de 3,5 mètres et épais de 60 cm, suivait plus ou moins le tracé de la rivière. Tous les 180 mètres environ, il était renforcé par des bastions pentagonaux – au nombre de neuf au total.
Trois portes permettaient d’entrer dans la ville, dont la Porte de France, autrefois située près de l’actuelle Pont de France. Notre quartier est donc situé tout près d’un point d’entrée stratégique de l’époque.
La Rue du Glacis, elle, fait référence à un terme de fortification : un « glacis » désigne une pente douce qui entoure un ouvrage défensif, conçue pour ralentir l’ennemi et dégager le champ de vision des défenseurs.
Rue du Moulin
Parallèle au Quai du Rempart, et plus proche du château, la Rue du Moulin tire son nom de l’ancien moulin à eau qui s’y trouvait autrefois. Ce moulin était alimenté par un bras de la Semois, détourné à La Vanne, qui amenait l’eau jusqu’au bâtiment.
Le moulin était situé approximativement à l’endroit où se trouve aujourd’hui l’Hôtel du Roy, près de l’ancienne Porte de France. Il s’agissait d’un moulin banal, c’est-à-dire propriété du seigneur du château. L’eau repartait ensuite vers la Semois via un conduit situé près de l’actuelle Papeterie.
Aujourd’hui, le moulin a disparu, mais on peut encore voir la large dérivation de la Semois. Elle part de La Vanne et rejoint le parking près du pont — elle sert désormais de point d’arrivée pour les descentes en kayak.
Rue de l’Imprimerie
Au bout de la Rue du Moulin, une petite ruelle rejoint la Semois : la Rue de l’Imprimerie. Le nom vient de la fameuse imprimerie située à l’époque au n°2 de la Rue du Moulin.
Mais ce n’était pas n’importe quelle imprimerie !
C’est ici que le typographe français Pierre Rousseau s’installa en 1760, fuyant la censure du royaume de France. Il fonda la Société Typographique dans cette maison, où il publia dès 1756 le célèbre Journal Encyclopédique : une encyclopédie à parution périodique, dans l’esprit des Lumières.
Grâce à son travail et à son réseau, Bouillon devint un centre européen de la pensée éclairée. L’imprimerie eut un énorme succès jusqu’en 1793, et Rousseau devint très riche. Avec ses collaborateurs, il transforma le quartier, et contribua à la réputation internationale de Bouillon.
Angelina Drumaux : La Fée des Fleurs
Ce bâtiment abrita plus tard la naissance de la peintre Angelina Drumaux, née le 23 janvier 1881. Elle était la fille du poète Arthur Drumaux (1847–1920), professeur au collège de Bouillon, auteur des recueils Fleurs d’Ardenne (1887) et Chants de la Semois (1918).
Angelina développa un style impressionniste qui évolua vers le luminisme, courant artistique mettant en avant lumière et couleur. Son œuvre se distingue par une grande subtilité dans les jeux de lumière. Elle était surnommée La Fée des Fleurs.
Le peintre Guillaume Edeline vécut aussi dans cette maison. Il y possédait un atelier lumineux à l’arrière. En 1943, il réalisa un superbe dessin à l’encre de la maison, intitulé Maison des Encyclopédistes — un clin d’œil à Rousseau et à la Société Typographique qu’elle abritait jadis.
Le 12 mai 1940
Lors d’un bombardement dévastateur pendant la Seconde Guerre mondiale, le 12 mai 1940, plusieurs quartiers stratégiques de Bouillon furent détruits. Les ponts de la ville étaient des cibles majeures, car les Allemands tentaient de progresser vers la Meuse à Sedan.
Le quartier de la Maladrerie, ainsi que le Pont de Liège, furent entièrement rasés. Le Quartier du Rempart subit le même sort tragique.
